Comment appliquer la clarification des valeurs en classe

 

Faire changer le comportement ou l’attitude d’un élève vis à vis d’une situation donnée, est un véritable casse-tête chinois pour les enseignants car, il s’agit en quelque sorte d’amener un individu à changer ses habitudes. L’habitude étant, dit-on, une seconde nature, il s’agira alors pour l’enseignant de changer la « nature » de l’élève dans un sens déterminé et souhaité. Le problème est d’autant plus complexe que l’enseignant se trouve bien souvent désagréablement surpris après évaluation.

Connaître par exemple les règles d’hygiène corporelle est une chose et se laver régulièrement, c’est à dire appliquer ces règles en est une autre. On ne peut pas appliquer des méthodes pédagogiques propres au domaine cognitif et espérer atteindre des objectifs relevant du domaine socio-affectif.

 

La méthode de clarification des valeurs est basée sur le principe selon lequel les comportements et attitudes de tout individu ont des causes dont l’individu n’est généralement pas conscient. Ces causes peuvent relever de valeurs religieuses, morales, sociales, économiques, ou encore être liées à la personnalité, à la santé, au bien-être familial etc.

Exemple 1 :

si un individu devient fumeur, il y a certainement des raisons qui l’ont poussé à fumer et d’autres qui le poussent à le demeurer.

Exemple 2 :

si un élève approuve la pratique de l’excision , il y a certainement une ou plusieurs raisons qui l’ont amené à adopter cette attitude.

La démarche de clarification des valeurs consiste à rechercher les causes de ces comportements et attitudes et à les soumettre à une analyse critique sans ménagement.A la suite de cette analyse qui, à coup sûr apportera de nouveaux éclairages au problème, l’individu fera son choix librement.

Conduite de la leçon

Première étape :

L’enseignant fait lire par un élève un texte confectionné expressément par lui et relevé dans un journal désapprouvant la pratique de l’excision et accorde un temps aux élèves pour qu’ils échangent librement entre eux.(L’enseignant peut trouver un prétexte pour s’absenter et les laisser échanger quelques temps entre eux).Il y a alors de fortes chances que les positions des élèves se cristallisent en deux pôles : ceux qui approuvent le contenu du texte et ceux qui le rejettent. Si la situation se présente ainsi, la tâche de l’enseignant est alors simplifiée, sinon, il sera obligé d’user d’astuces pour amener les élèves à prendre position. Il pourra par exemple relire lui-même le texte en insistant sur certains passages ou en faisant des commentaires « tendancieux » afin de les amener à réagir.

Remarque : la « libre » implication des élèves est capitale car il s’agit pour eux d’exprimer leurs opinions. Ils doivent se sentir donc engager dans le débat.

Deuxième étape :

L’enseignant forme alors deux groupent de travail : le groupe de tous ceux qui approuvent l’excision et celui de ceux qui ne l’approuvent pas. Ceux qui n’ont pas d’avis seront invités à rejoindre le groupe de leur choix. Il formera au besoin des sous groupes. Il invite les sous groupes à se trouver pour recenser tous les arguments qui militent en faveur de leur position.

Troisième étape :

- les sous groupes défendant la même opinion présentent leurs travaux au tableau ; et avec preuves à l’appui, certains arguments seront écartés par les élèves eux-même ; ceux qui n’ont pas pu être combattus seront retenus. Ils seront alors classés : arguments d’ordres religieux, moral, social, économique, etc.

- Pour départager les deux tendances, le recours à des personnes ressources sera nécessaire.

Exemple1:

si un groupe soutient que la pratique de l’excision est recommandée par le coran, les élèves décident donc de rencontrer deux Imams différents bien connus dans le milieu pour leur grande connaissance des écritures saintes. Ils élaboreront alors le questionnaire à soumettre aux Imams avec l’aide du Professeur.

Exemple 2 :

si un groupe soutient que la pratique de l’excision constitue un danger pour la vie de la femme, les élèves décident alors de faire appel aux avis de gynécologues différents. Les élèves élaboreront alors le questionnaire à soumettre aux médecins avec l’aide du Professeur... etc.

Quatrième étape :

les élèves vont sur le terrain pour mener les enquêtes.

Cinquième étape :

les différents groupes restituent les informations recueillies auprès des personnes ressources. Les élèves, avec l’aide de l’enseignant, fait le point exhaustif des informations recueillies sans interprétation. Au besoin, les enquêteurs donneront les informations complémentaires.

Sixième étape :

l’Enseignant laisse suffisamment le temps aux élèves pour apprécier et prendre position de façon tout à fait personnel et individuel.

Septième étape :

L’ENSEIGNANT pourra faire sonder les élèves sur leurs opinions sur la pratique de l’excision.

Remarque :

- Cette démarche pédagogique nécessitera pour l’enseignant l’application de nombreuse méthodes et techniques pédagogiques en fonction de la situation : méthodes de résolution des problèmes, enquête, philip6/6, invité etc.

- il est très important que le rejet d’un argument pendant la troisième étape se fasse avec des preuves irréfutables. Ce n’est pas une question de force ; il s’agit plutôt de convaincre l’autre.

- Personne ne doit brusquer personne. Les élèves doivent prendre le temps qu’il faut pour ruminer les données recueillies, les digérer afin de les « assimiler ».

- L’enseignant jouera le rôle de guide, sans jamais imposer son point de vue.

Les avantages pédagogiques de cette démarche pédagogique

Cette démarche pédagogique permet entre autres aux élèves :

- de se connaître mieux à travers les échanges ;

- de respecter les opinions des uns et des autres

- d’argumenter leurs points de vue

- d’être tolérants les uns envers les autres